Sylvie Bleeckx et ses jolis crayons

« Je vais au Maroc en 2017. Depuis Marrakech il y a une belle route en voiture jusqu’à Agdz, rythmée par les pauses thé et un jus d’oranges pressées, d’autant plus délicieux qu’il est inattendu. Des tapis exposés au soleil attirent l’œil au milieu des cailloux. Des forêts succèdent aux déserts de pierres. La moindre couleur vert clair ou rose pastel près d’une rivière s’ajoute au paysage avec la même délicatesse que le pinceau d’un aquarelliste.
Et puis enfin la Kasbah et cette vue incroyable sur la montagne Kissane depuis le balcon de la terrasse.
À l’époque encore en travaux, la maison ressemblait à une belle endormie, prête à s’étirer d’aise au cœur de l’ancienne médina d’Agdz avec ses ruelles terreuses et ses enfants qui courent et crient.
Mon séjour là-bas est empreint d’émerveillement et de douceur : j’étais entourée de personnes qui ont fait de ce voyage une expérience très personnelle sans être tout à fait solitaire, rendue à la fois dépaysante et naturelle. Je n’avais qu’à regarder autour de moi et m’imprégner des couleurs, des sourires, des sons et des parfums, vous savez, ceux qui « tournent dans l’air du soir » …
Amatrice de photos noir et blanc, j’avais pris avec moi mon appareil et fait une série de portraits là-haut à Ougrara à 1400 mètres d’altitude dans ce qui est devenu depuis une véritable oasis. La texture d’un mur m’avait donné envie d’y faire asseoir un par un les membres de la famille d’Abdellah présents ce jour-là, qui me donnaient si généreusement l’impression d’être à la maison.
En pensée je retourne souvent sur le balcon de la kasbah. J’entends le muezzin, les étoiles apparaissent, le dessin parfait de la montagne se découpe et veille sur la ville qui s’endort. Il y a certains lieux dont la magie opère, longtemps après qu’on les ait quittés. Kasbah Kissane est indéniablement de ceux-là. »